La mendicité

On croyait avoir trouvé la solution. L’interdire et ouvrir des “cours de solidarité” pour accueillir les mendiants les plus nécessiteux. En somme neuf mois après la mesure prise sous le CNR, l’image de la mendicité est toujours là sous nos yeux. Poignante, parfois agaçante. Peu de choses ont donc bougé. L’enquête que nous publions à ce sujet le confirme.

Les causes de la mendicité

Et pourtant toutes les préoccupations semblaient avoir été prises pour que la mesure s’impose. Un an de concertation avec la communauté musulmane, création de structures d’accueil à Ouagadougou et dans quelques villes de provinces. Plusieurs activités furent organisées pour occuper les mendiants invalides dans la journée. Un moyen de leur procurer un petit revenu. Pour les autres on préconisait leur insertion dans la société. Faut-il alors revenir sur l’interdiction de la mendicité?

La mendicité n’est pas seulement propre au Burkina Faso. Elle est présente partout, des pays les plus développés aux plus pauvres. Sous des formes diverses. Ses causes sont également multiples et varient d’une civilisation à l’autre. Chez nous, les pesanteurs socioculturelles l’emportent.

Manifestation du phénomène

Les garibous constituent dans ce sens le bataillon le plus important des mendiants au Burkina Faso. Pourtant rien ne dit dans les écritures saintes de l’islam qu’il faut mendier pour vivre. Pour les besoins de la cause, la pratique a voulu que l’on réduise l’aumône à une mendicité permanente. C’est contraire aux préceptes du coran. Comme le disait El hadj Sidiki Ouédraogo, maître coranique réputé “Dieu a dit seulement de ne jamais refouler quelqu’un qui vient à votre porte”. Mais vivre essentiellement de la générosité publique alors que l’on se porte bien, n’est rien d’autre que du parasitisme.

La pratique coutumière veut également qu’une mère de jumeaux fasse l’aumône pour ses enfants. Pratique à l’origine fondée sur fa solidarité sociale, elle a fini par avoir une autre signification. Puisqu’on trouve dans nos villes des mères de famille accompagnées de plusieurs enfants quémander de l’argent.

Toutes ces formes de mendicité ne sont souvent que du chômage déguisé dans les villes, chômage qui frappe essentiellement les victimes de l’exode rural. Il y a enfin les autres mendiants. Ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre de la générosité de leurs semblables. Les invalides. D’autant plus que l’effritement des valeurs entraînent la disparition de la solidarité familiale.

ESC 22-003808

DIORI SAOUDE