Sensation du rap burkinabè, Kayawoto a sorti son album Maouland II en mai dernier.
Celui sur qui personne ne misait s’est accroché à son rêve de devenir un leader de la musique, un pari qui semblait impossible dans son pays.
Grâce au monde imaginaire qu’il s’est créé, Abdoulaye Kabore, de son vrai nom, s’est construit à la force de ses bras, exhortant la jeunesse africaine à se prendre en main.
Nous sommes allés à sa rencontre en marge de son concert parisien au Pan Piper.RFI Musique : Avant toute chose Kayawoto, pouvez-vous nous confirmer votre nationalité ?Kayawoto : (Rires) Je sais pourquoi vous me posez la question. D’ailleurs, on me le demande souvent.
Je suis burkinabè de père et de mère. Mes grands-parents aussi sont du Burkina Faso. C’est juste que moi, je suis né en Côte d’Ivoire et j’ai quitté le pays à l’âge de sept ans (rires).Vous êtes de passage en France pour une tournée des festivals.
Un accomplissement pour vous ? Oui ! Je le dis avec fierté, je représente le Burkina Faso. C’est la première fois que je viens pour une telle tournée.
J’étais au festival Les Eurockéennes à Belfort, devant un public qui ne connaît pas forcément ma musique et pourtant ceux qui étaient là se sont montrés réceptifs.
Juste avant ça, j’ai joué à Marseille au Makeda et c’était incroyable ! Ensuite, j’ai bouclé la boucle avec un concert 100% burkinabè à Paris au Pan Piper.
Ce que je ressens là est indescriptible. Je suis très reconnaissant de tout ce que je vis actuellement. Si c’était à refaire, je signerais tout de suite ! (Rires)On vous sent ému.
D’autant plus que ce n’était pas évident pour vous d’arriver jusque-là dans la musique…Oui, c’est peu de le dire ! Depuis que je suis petit, j’ai fait beaucoup de petits boulots qui m’ont appris l’école de la vie.
J’ai été mécanicien, électricien, maçon, plongeur dans la restauration et surtout, j’ai travaillé dans les mines d’or. Au Ghana et au Togo, j’ai été chauffeur et je chargeais les marchandises dans les poids lourds. Pendant que je traversais tout cela, ce qui me faisait tenir, c’était le rap, la musique que j’écoutais.
Il faut savoir que dans mon village, à Zamsé (Burkina Faso), personne ne chantait là-bas et lorsque je me suis lancé, personne ne croyait en moi, excepté ma maman.
Et c’est comme cela que vous avez créé votre monde imaginaire, le « Maouland » ? Qu’est-ce que c’est ?Le Maouland c’est ce qu’on appelle en Côte d’Ivoire « les grouilleurs ». Au Burkina Faso, on dit « les battants » ou « les débrouillards ».
J’ai choisi ce nom pour mes fans parce que je sais que beaucoup vivent ce que moi, je vivais avant. Ils donnent tout pour leur famille et se battent matin, midi et soir dans un travail honnête.
Esc 20-001741 Tapsoba wendyam Élodie